La Salle des Fêtes du Grand Parc, la Caisse d’Épargne de Mériadeck, les silos Lesieur, les archives de la Métropole, la caserne des pompiers et plus récemment l’Arkea Arena s’inscrivent dans des courants d’architecture qui redonnent leurs lettres de noblesse au béton. De Bauhaus, à Le Corbusier en passant par le nouveau brutalisme, allons à la rencontre de lieux emblématiques, de ces tentatives de révolutions architecturales à travers une boucle cycliste sur les deux rives de la Garonne. Archi brute : 6 sites à découvrir à vélo

Cet article a été publié en partenariat entre le nouveau magazine weBordeaux et l’Office de Tourisme de Bordeaux. Découvrez le premier numéro de cet agenda culturel à l’Office de Tourisme de Bordeaux.

par Henry Clemens

publié le 13 mars 2023 / modifié le 07 avril 2023

Côté de la rive droite, étapes cyclistes 1, 2, 3. Archi Brute

Étape 1 : Un galet de béton sur la rive – Arkéa Arena

Projet géant du 21ᵉ siècle, à l’instar de la MÉCA ou du grand stade, l’Arkéa Arena a vu le jour en janvier 2018. Œuvre de l’architecte-philosophe marseillais Rudy Riciotti, ce bâtiment, voué à accueillir spectacles et concerts, est un contre-pied au minimalisme architectural en vogue… Ici, l’acier est banni. L’Arkéa Arena est, selon son concepteur, un galet sorti de la Garonne. Il s’ancre précisément dans son lieu, à Floirac, en bordure de fleuve. Le fils de maçon italien souhaite magnifier le béton, qui, selon lui, est le seul à enraciner vraiment. On se remet en selle pour la caserne…

48-50 Avenue Jean Alfonséa, 33270 Floirac

Arkea Arena - Architecte Rudy Riciotti@Jean-Baptise Menges

Étape 2 : La caserne « radieuse » inspirée 

Il est un long bâtiment blanc et rouge en face du Bordeaux de pierre qui affirme une architecture hardie. Avec ses toits-terrasses, ses pilotis, ses loggias colorées, ses porte-à-faux, ses formes ondulantes de béton blanc, ses pans de verre, ses logements traversants ouverts à la lumière, les architectes Claude FerretAdrien Courtois, et Yves Salier s’inspirèrent autant de Le Corbusier que de Bauhaus pour inscrire la rive droite dans un avenir radieux. La caserne, désormais sans pompier, est inscrite au titre des monuments historiques. On reprend la route jusqu’aux Archives de la Métropole.

4 Rue de la Benauge 33100 Bordeaux

Bordeaux architecture brutaliste©F. Deval – Mairie de Bordeaux

Étape 3 : Du stockage des denrées au stockage des archives 

Les Archives Bordeaux Métropole reprennent les murs de l’ancien entrepôt ferroviaire construit en 1859, la Halle des magasins généraux. Pour y accéder, on traverse un joli parvis arboré. En 2010, le concours international d’architecture a désigné l’agence belge Robbrecht ainsi que Daem pour réhabiliter ce lieu. L’agence a souhaité évoquer la sédimentation des archives à travers un empilement karstique de béton. 18 kilomètres de linéaires sont créés pour abriter les archives. Aussi, on n’hésitera pas à rentrer dans l’édifice de 8 800 m². De sa salle de lecture, vous aurez une intéressante vision du bâtiment. Enfin on enfourche son vélo pour traverser la Garonne.

Insolite : Inauguré le 10 mars 2016, le nouvel hôtel des Archives qui ouvre au public le 11 mars 2016 permet de traverser un parvis où se trouvent les boutures de l’emblématique ainsi que pluriséculaire glycine de l’hôtel de Ragueneau, lieu des Archives municipales de 1939 à 2015.

Parvis des Archives, 33100 Bordeaux

Bordeaux architecture béton© Steve Lavaud

Côté rive gauche, étapes 4, 5 et 6

Étape 4 : Des silos en devenir

Après 158 ans de présence en terres bacalanaises, la première huilerie bordelaise, qui a vu le jour en 1857, déménageait rive droite à Bassens. Situés à l’entrée des Bassins à flot, les huit anciens silos de l’Huilerie Franco-Coloniale vont être réhabilités. Deux d’entre eux seront utilisés pour accéder à l’hôtel Renaissance signé Jean-Marc Ibos ainsi que Myrto Vitart, deux architectes disciples de Jean Nouvel. Les six autres seront consacrés à un « projet culturel également artistique dédié aux arts visuels ». Beaucoup se souviennent encore de l’œuvre de Nicolas Milhé « Respublica » trônant 35 mètres au-dessus du sol, au sommet des silos en 2009 mais également 2010. Enfin on remonte sur son destrier, direction le Grand Parc.

Finalement : Rachetée dans les années 70, l’usine employait jusqu’à 300 personnes et produisait jusqu’à 45 Millions de bouteilles d’huile chaque année.

112 Quai de Bacalan, 33000 Bordeaux

Bordeaux architecture béton© Renaissance Hôtel

Étape 5  : La mythique salle des Fêtes du Grand Parc

Le Grand Parc et sa salle des fêtes ont été voulus par Chaban, qui s’imaginait en faire un îlot bourgeois dans la ville aux murs noirs qu’était Bordeaux : “ Les bourgeois n’investiront jamais la ville nouvelle !” La Salle des Fêtes du Grand Parc, créée en 1968, restera populaire jusqu’à sa fermeture en 1992. Les 27 000 carreaux qui ornent sa façade emblématique, ont tous été remis en état ou remplacés pour sa réouverture 2019. Entre la chute dans la fosse du chanteur des Lords of the New Church, le concert fou des Ramones également les 1 000 entrées pour les Bérurier Noir, dans une salle contenant 750 places, la salle regorge d’anecdotes ! On enfourche sa bicyclette pour une virée jusqu’à Mériadeck.

Insolite : L’architecte Christophe Hutin, en collaboration avec Anne Lacaton & Jean Philippe Vassal et Frédéric Druot, en charge de la rénovation, conservent la charpente métallique, les murs de béton, la rampe en bois mais également un graff de l’époque du squat, visible dans l’escalier. Enfin, ils tiennent encore à ce que 15 % des personnes engagées sur le chantier proviennent du quartier.

39 Cours de Luze, 33300 Bordeaux

Les Journées Européennes du Patrimoine à Bordeaux@mairie de Bordeaux

Étape 6 : une banque en béton armé, archi brute

Alors jugé insalubre, le quartier de Mériadeck fait l’objet d’un grand projet de construction à partir des années 50. Le bâtiment de la Caisse d’Épargne est un édifice emblématique du quartier. Il fut achevé en 1977 par Edmond Lay, défenseur du béton ainsi que grand admirateur de Frank Lloyd Wright. Enfin ce dernier rompra avec le parti-pris architectural de l’époque en construisant un bâtiment constitué de plateaux circulaires successifs, de parois inclinées en un jeu de courbes autour d’un atrium central, loin du modèle cruciforme qui prévalait à Mériadeck. Ainsi le bâtiment recevra le Grand Prix d’Architecture en 1984 et sera classé monument historique en 2014.

61, rue du Château d’eau, 33000 Bordeaux

L'ancienne Caisse d'Epargne de Meriadeck - Architecte Lay 1977©Clement Pamelard

également archi brute 6 sites à découvrir à vélo

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